L’été dernier, après 2 ans de travail, on commercialisait pour la première fois nos vélos. À ce moment précis, nous venions simplement de produire les premiers prototypes industriels de nos vélos et nous les vendions sous forme de pré-commande, pour une livraison au mois de septembre suivant.
Pour celles et ceux qui nous suivaient déjà à l’époque, inutile de préciser que comme toute jeune entreprise qui se respecte, nous n’avons pas réussi à tenir nos délais. Nous avons pris du retard, sur tout un tas de sujets, parfois de notre ressort, parfois non, qui nous ont dans tous les cas poussé à finalement livrer nos belles machines fin novembre.
Si vous avez suivi un peu les actualités, ce n’était finalement pas si mal pour un premier jet. Mais déjà à l’époque, on se rêvait un local dans lequel nous pourrions gérer nous mêmes les stocks, la production, la qualité pour nous éviter au moins une partie des problèmes que nous avions rencontrés. Mais, il était illusoire à ce moment de l’envisager. La suite nous a donné tort.
Nos premiers déboires
Pour bien comprendre cette décision de créer notre ligne d’assemblage, il est important de comprendre ce qu’il s’est passé sur nos premières productions, comprendre ce qui a guidé nos choix.
Le stock
Il s’est rapidement avéré très compliqué de gérer notre stock à distance. Non seulement, nous n’avions pas la main dessus pour pouvoir le gérer convenablement : suivi des quantités, gestion des commandes…. mais nous ne pouvions pas non plus nous occuper convenablement du SAV. Ça parait con, mais c’est quelque chose que nous avions mal anticipé.
L’autre sujet, c’est que nous étions alors dépendants de notre assembleur et de ses équipes pour envoyer nos colis, nos vélos, faire le point sur notre stock, et ça, c’est compliqué, tout bonnement parce qu’ils ont autre chose à faire.
La production
Dans notre projet de départ, nous souhaitions proposer la personnalisation de nos vélos à tous nos clients, particuliers et boutiques. Nous l’avons fait pour la première production de 50 vélos. Toutes les configurations étaient alors possibles, sans frais supplémentaire : couleur, système de vitesses, rack, béquille… À ce moment-là, nous nous appuyions sur notre partenaire pour l’assemblage. Si ses mécaniciens ont de l’expérience, il n’en restait pas moins que c’était la première fois qu’ils voyaient nos vélos, la première fois qu’ils les montaient. Leur proposer un vélo certes au cadre unique, mais avec des dizaines de variantes possibles, a rendu les choses compliquées. Surtout quand les créateurs du vélo se lancent et que c’est pour eux aussi la première fois que les vélos sont assemblés en série.
Bilan de l’opération, au lieu de quelques jours sur place pour créer du contenu marketing et contrôler la qualité, on s’est retrouvé tous les 3, une semaine, sur la chaîne d’assemblage pour tenir les délais. Il y a alors eu de la sueur, des larmes (c’est pas vrai) et du sang (c’est vrai, notamment sur vos cartons de livraison, je le sais, c’était le mien).
Autant dire que pour la seconde production, on a dû revoir nos process. Deux configurations de vélos seulement et nous, sur place, pour préparer l’ensemble de la production en amont et garder la chaîne d’assemblage fluide, sans faire exploser la facture. Bilan : encore une semaine sur place. Parce qu’il y a toujours un problème quand on travaille dans le vélo et encore plus dans la production. En revanche, cette fois nous n’avons pas participé à l’effort de production, vos cartons de livraison sont donc arrivés propres.
La qualité
Cela ne vous aura pas échappé, notre vélo est un peu plus cher que la moyenne. Il y a tout un tas de raisons à ça, et ce n’est pas l’objet de ce billet (mais de celui-ci). Néanmoins, pour nous, quand on vend un vélo à ce prix, le minimum est de proposer un vélo de qualité, qui arrive chez vous correctement monté. Et on ne vous parle même pas ici de la maniaquerie de certains d’entre nous.
Quand on externalise l’assemblage, on perd la main sur le contrôle qualité, sans pour autant en perdre la responsabilité, et ça, et bien ça ne nous va pas. Nous ne voulons plus de retours de la part de nos vélocistes préférés, nous indiquant qu’ils ont dû passer 1h sur le vélo pour resserrer des choses, desserrer d’autres choses et régler les autres, surtout quand on vend un vélo soit disant à 95% assemblé… Ces cas ont été marginaux, mais tout de même, on note, on apprend et on corrige.
Pour toutes ces raisons, alors que nous n’en avions pas pleinement conscience quand nous nous sommes lancés, pensant que nous pouvions tout externaliser ou presque, ces postes se sont avérés stratégiques pour notre entreprise. L’idée de créer notre propre ligne d’assemblage est donc devenue essentielle à la pérennité de notre entreprise.
La création de notre ligne d’assemblage
Par une succession d’heureux hasards et grâce à la persévérance de Benoît, nous avons trouvé un local.
L’intérêt pour nous d’internaliser l’assemblage
L’intérêt est simple et multiple : stratégique et économique.
En montant notre propre ligne d’assemblage dans nos propres locaux, on récupère notre stock, on récupère notre indépendance, notre flexibilité qui nous est chère, notre réactivité, notre qualité.
Pour nous il est désormais essentiel de pouvoir rapidement réagir pour nos clients, que ce soit pour les livrer ou pour les dépanner. Posséder notre stock sous les yeux et les mains est donc essentiel.
Nous ne dépendons désormais plus de notre partenaire, n’avons plus de pressions ou de délais à subir et pouvons de nouveau proposer de la personnalisation à nos clients. Leur offrir le vélo qui correspond exactement à leurs besoins et leurs moyens, sans forcer la vente d’équipements qu’ils ne veulent pas.
Nous pouvons désormais réagir au quart de tour pour livrer, ou produire, sans attendre d’avoir suffisamment d’unités pour le justifier.
Nous sommes désormais garants de la qualité de tous les vélos qui sortent de notre atelier. Et on aspire à ce qu’elle soit irréprochable.
Pour toutes ces raisons, cet atelier, ce local, cette chaîne d’assemblage a tout son sens. Même aussi rapidement. C’est un risque, c’est une opportunité, mais également notre avenir que nous assurons.
Les bienfaits d’avoir créé notre propre ligne d’assemblage
En nous lançant dans cette aventure, nous avions dans l’idée de travailler sur une nouvelle manière de produire, plus locale, plus humaine.
Nous sommes trois associés bordelais, nous voulions donc produire à Bordeaux. Non pas par chauvinisme, mais simplement parce qu’il nous semble important de pouvoir vivre et travailler dans notre ville. Évidemment pour améliorer notre qualité de vie, mais également pour participer à la dynamique d’un territoire et à son développement. Aujourd’hui, avec cet atelier implanté dans le nouveau quartier Euratlantique, on peut dire que c’est chose faite et nous avons hâte de recruter nos premiers salariés.
Au-delà de cet aspect, il nous semble également important de rapprocher un lieu de production, de son lieu d’utilisation. Les consommateurs semblent déconnectés des réalités économiques et industrielles d’une entreprise et pouvoir avoir un lieu, en ville, permettant d’en montrer au moins une partie nous semblait important. C’est aussi ça la transparence. Un vélo, quel que soit son prix, c’est de la réflexion, de la matière et des personnes qui le fabriquent. Avoir pris l’habitude de consommer au moins cher, parce que c’est possible, ce n’est pas rendre service aux produits de demain, surtout quand on les veut plus “propres”, plus éthiques.
Nous aurons donc plaisir à accueillir toute personne souhaitant nous rencontrer et voir comment on travaille. De préférence sur rendez-vous, on est gentil, mais on aime aussi travailler 😉